Comme en 2022, après-midi triomphale sur le front de mer pour le nîmois El Rafi qui est sorti en triomphe de la plaza saintoise pour avoir ravi un total de trois oreilles aux toros d’El Pilar. Succès statistique qu’il faut savoir relativiser, celui-ci étant galvaudé par une présidence, disons bienveillante, et donc généreuse dans l’attribution des récompenses.

Nul se sait ce qu’il en aurait été des combats des toros d’Adolfo Martin sans cette satanée maladie dite “du moustique” qui touche principalement les régions d’Extremadure et d’Andalousie, mais, les El Pilar retenus pour les remplacer m’ont globalement déçus. Décevants à Madrid puis à Mont-de-Marsan, les toros du fer salmantin de Moises Fraile ont confirmé le moment délicat traversé par la devise verte et blanche…

Très bien présentés pour la catégorie de la plaza, hauts, lourds et correctement armés, les Pilar firent impression à leur entrée sur le sable saintois avant de progressivement se dégonfler. En cause, un manque de fond certain chez la majorité, de forces, et d’un tempérament qui fit souvent illusion lors d’uniques rencontres à la cavalerie où les 1, 2, 3, 4 et 6 rentrèrent avec force dans le matelas, poussant, pour les 1, 3 avec conviction, sur une corne pour les 4 et 6, le 2 s’avérant de loin le plus brave, s’employant en deux rencontres. Un deuxième exemplaire qui fut le meilleur animal de l’envoi car animé, noble, mobile et investi grâce à sa promptitude a charger l’étoffe, allant a menos mais aux qualités indéniables. Le reste de la troupe fut mobile, déployant de la noblesse mais un manque de fond les 1, 3 et 6, le 4 avec de la mansedumbre, vide le 5 car dénué de forces et de tempérament.

Sur le costume blanc et or de Clémente, apparu très vite une tâche de sang au niveau de la cuisse droite nous rappelant la fraicheur de sa blessure montoise (29 juillet) et quel cran faut-il pour aller défier des toros, les chairs encore à (presque) vif … Pour cela, chapeau bas, mais on compris aussi très vite que l’aquitain ne serait pas ce dimanche en totale possession de ses moyens physiques et on le vit, au sortir de son troisième et dernier combat, physiologiquement éreinté. On ne peut pas dire, en plus, que le torero de Pouillon ait été bien aidé par l’opposition, héritant d’un premier adversaire aussi noble que dénué de transmission. Le blond torero, toréa, et toréa bien, en aspirant la charge de son adversaire afin de dessiner plusieurs séquences droitières valant la haute mention. A gauche, zef gênant additionnel, le Pilar ne passait pas. Vilain bajonazo en conclusion. Son second qui avait davantage de coffre et de moral lui permit de déployer le toreo que l’on affectionne du bordelais : fin, imprégné de style, avec du son et du sens. Faena ajustée aux bonnes, mais déclinantes conditions de l’animal, avant une fin de partie plus brouillonne et hachée, parachevée d’un pinchazo puis d’une demi lame basse, n’empêchant pourtant pas l’octroi d’une oreille généreuse. Clemente signa enfin devant le quinto l’un des plus jolis capoeto de la tarde, mais ce fut tout, ou presque, le Pilar jetant rapidement l’éponge car plombé par un manque de forces avéré. Pinchazo puis entière.

La première oreille (la plus justifiée) fut tranchée par le nîmois El Rafi devant le second, de loin le meilleur toro de l’envoi. Bien salué à la cape par trois véroniques et la demi puis brave au cheval en deux rencontres, bien captées par Mathias Forestier, l’astado se révéla particulièrement investi dans la muleta du gardois qui embarqua le fauve sur plusieurs séquences allurées sur les deux mains, au tracé supérieur à droite. El Rafi s’appliqua à gauche, en musique, mais l’animal transmit moins sur cette rive. Retour droitier fructueux, pour un final d’intensité inégale, le El Pilar perdant peu à peu de sa vibration. Lame tombée et oreille. Le cuarto, haut et fort, infligea une sévère paliza au banderillero David Sanchez qui plus tard salua sous l’ovation, joint à Thomas Ubeda auteur d’une grande paire. S’en est suivie une faena d’intensité décroissante, inégale en tracé, chiche en émotions de par la condition limitée du bicho. Bons derechazos plongés avant pinchazo puis demi lame. Abanto de salida, l’ultime fut préservé sous le fer. El Rafi proposa ensuite une faena qui porta sur un public enclin à s’enthousiasmer, mais (à mon goût), quelque peu trop énergique, voir électrique a certains moments. De meilleur son a droite, le nîmois masqua la condition déclinante de la matière première par plusieurs passes d’ornement, remportant au passage l’adhésion du grand public. Lame entière, en place, libérant deux nouvelles oreilles… Généreuse au moins la seconde.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes des Saintes-Maries-de-la-Mer. 3/4 d’arène. Soleil, vent gênant en rafale, air marin en fin de course. 6 toros d‘El Pilar.

Président : Mr Soler

Poids des toros : 555, 530, 520, 560, 545 , 550

Cavalerie Bonijol. 7 rencontres

Saluts des banderilleros Thomas Ubeda et David Sanchez Peix au quatrième.

Sobresaliente : Miguel Angel Sanchez (rouge et or)

CLEMENTE (blanc du Nil et or) : saluts, oreille et saluts

EL RAFI (Rose dragée et or) : oreille, saluts et deux oreilles.

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