En bas de page le communiqué de TOROPASION quant à la polémique née sur les réseaux sociaux concernant l’âge des toros combattus …

L’affiche avait attiré les foules de grands jours. Un cartel « atypique », pas inédit, quoique ce dernier correspondait au retour à Saint-Gilles de Sébastien Castella après un retrait de deux ans, et de Thomas Joubert, revenu des 5 années de ban forcé, les aléas de la vie faisant que. Pas inédit car les deux toreros français s’était déjà mesuré en mano à mano le 20 aout 2017. Un duel qui avait alors tourné à l’avantage du benjamin qui a cette fois vu son aîné traverser triomphant la Grande Porte des Arènes Emile-Bilhau pour avoir coupé trois oreilles aux toros de Victoriano del Rio. Un triomphe auquel aurait dû s’associer le torero arlésien si, dans un premier temps, l’épée ne lui avait pas fait défaut puis, s’il n’avait pas été victime de ce que nos voisins ibériques nomment « atraco », traduisez un véritable vol manifeste au moment d’accorder un deuxième pavillon au 4eme, que l’arlésien avait crânement gagné. Un manque de sensibilité, et de mauvaise foi revenu fissa tel un boomerang par une bronca bruyante et justifiée. Grande entrée, 40° à l’ombre.

L’après-midi avait débutée par un imbroglio concernant le panneau faisant état du sorteo devant les arènes, celui-ci annonçant 5 toros sur 6 nés entre octobre et décembre 2019 et donc n’ayant pas l’âge requis pour sortir en corrida, ce qui est bien évidemment proscrit par le règlement taurin. Après vérification et avant que trop d’huile ne soit rependue sur le feu sans fondement véritable et notamment par les absents, il s’agit en réalité d’une erreur des torileros, réparée après la mort du second toro. Les toros concernés par l’erreur portaient le guarismo 9 correspondant à des naissances entre juillet 2018 et juin 2019.

Les toros justement. Initialement prévus, les Garcia Jimenez ont dû rester à quai, la faute à la maladie dite du « moustique » qui sévit notamment en Andalousie et en Extremadure. Pour les remplacer, en dernière minute ont été débarqué des toros de Victoriano del Rio seulement 48h avant le paseo. Un lot au gabarit modeste, anovillados les 3 et 4, inégaux en tamaño et en armures, plus forts et gachos les 1 et 6, supérieur en armure le 5. Discrets au cheval dans la majorité hormis le 5, 6 et le 4 bis qui provoqua un batacazo. Tous maniables et d’une noblesse plus ou moins développée, bravitos les 4bis et 3, le plus complet d’un envoi qui manqua d’un soupçon de forces, la chaleur écrasante n’aidant pas plus qu’un voyage de dernière minute.  

Sebastien Castella traverse artistiquement, probablement l’un des meilleurs moments de sa carrière. Dans une arène qui lui est chère, le torero de Béziers dans la lignée de sa grande faena dacquoise s’est évertué à dépoussiérer ce qui avait fait, en partie, sa renommée. Oubliez ce toreo collé-serré, Sebastien Castella a toréé avec davantage de finesse et de temple, développant son emprise sur ses adversaires sans les étouffer. Devant son premier, peu piqué, le biterrois débuta par une belle série en redondos avant de régler le bicho sur la main droite, y extrayant les meilleurs passages d’une faena au tracé irrégulier, conclue par circulaires immobiles et une lame en arrière al volapie. Oreille.

C’est devant son second, que le torero de Béziers va signer sa meilleure faena de l’après-midi. Une faena d’une absolue maitrise, donnée avec régularité et un temple remarquable à un toro noble à souhait, vibrant dans sa façon de charger l’étoffe notamment sur la rive gauche. Une douzaine de naturelles d’un superbe cachet, avec profondeur et cadence et labeur débarrassé de scories, sans un geste inutile et parachevée d’une lame logée jusqu’à la garde. Deux oreilles incontestables.

Le quinto, légèrement plus armé que ses frères poussa longuement sur une corne à la première rencontre avant une seconde plus anecdotique. Magistrale entame par doblones soyeux, puis par le bas, Castella allant à mas dans son entreprise. Toujours avec temple et ligazon, le biterrois distilla sur les deux bords une faena précise mais allant à menos, au tracé gaucher supérieur. Une entière en arrière et un coup de descabello le privèrent d’un trophée potentiel.

Thomas Joubert était attendu, et il n’a pas déçu. Après 5 années d’absence le torero arlésien a répondu présent et de fort belle manière. Avec cape et muleta. Seule l’épée lui fut défaillante. Pour le reste, quel plaisir de voir toréer ce garçon qui porte en lui tout ce que la tauromachie a de plus tragique. Aussi mystérieux que doué, Thomas Joubert enchante par sa tauromachie épurée, à contre style du tout-venant qui envahi le circuit actuel. Chaque geste porte le sceau de l’inspiration, de la créativité, de l’imprévisible. Son premier adverse, assez mal piqué eu droit à un quite par chicuelinas exécuté à merveille, dont une, la troisième, la main particulièrement basse. Entame par pedresina, passes changées et ayudados donnant le ton d’une faena bien menée face à un toro noble et doté d’une bonne corne droite. Thomas donne de l’air à son adversaire, qui en manque un peu, puis enchaine trois, quatre derechazos tous fait de ceinture, coulés et soyeux. A gauche la faena manque d’impact car le bicho ne rompt pas suffisamment. La tauromachie du garçon, aussi douce soit-elle, pèse car elle exige beaucoup de l’animal. Une lame logée de trois quart et un coup de descabello font s’envoler une oreille.

Son second, faible est changé par un sobrero du même fer, commode d’encornure qui va pousser jusqu’à envoyer au sol le lancier et sa monture. Quite sublime par gaoneras ajustées puis faena de menos a mas, mêlant douceur et domination. Thomas Joubert trouva la profondeur sur plusieurs échanges d’une grande finesse, notamment à droite, laissant à nouveau s’exprimer toute son imagination dans une faena solennelle et juste. Circulaires, capeinas et naturelles profondes sur les deux mains, corps galbé, jambe devant. D’une grande vérité. Muleta juste soutenue par l’épée de mort que l’arlésien profila peut-être un poil trop précipitamment. Demi-lame sans effet. Thomas Joubert se profile à nouveau, façon simulacre et s’engage afin de retirer l’arme. Nouvelle épée, cette fois fulminante. Pétition ultra majoritaire. Une oreille tombe, celle du public, la deuxième reste dans la manche du président, injustement. Par manque de sensibilité, ce monsieur aura eu sa belle minute de protagonisme et se souviendra de la bronca en suivant…

Devant l’ultime, Thomas Joubert se précipita encore au moment de conclure, en se profilant à la va-vite, au sortir d’une passe de poitrine. Pinchazo, puis quasi entière longue d’effet, le descabello mettant fin aux débats à un souffle du troisième avis. Auparavant le torero d’Arles signa une faena, de moindre impact, mais toujours d’une grande pureté, la gestuelle fine et précise. On a eu plaisir a revoir ce garçon vêtu de lumières, car il a des choses à dire. Pourvu qu’on les lui laisse dire…

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes Emile-Bilhau. Saint Gilles. Feria de la Pêche et de l’Abricot. Plein. 5 toros de Victoriano del Rio (4bis) et 1 de Toros de Cortes (2)

Poids des toros : 532, 535, 530, 500, 515, 535.

Président : Mr Dumas

Cavalerie Heyral. 9 rencontres

Salut du banderillero Jose Chacon au 5eme.

Sobresaliente : Jeremi Banti (vert bouteille et or)

SEBASTIEN CASTELLA (indigo et azabache) : oreille, deux oreilles après avis et ovation

THOMAS JOUBERT (Bleu de France et or) : saluts, oreille après avis et silence après deux avis


COMMUNIQUÉ DE TOROPASION AU SUJET DE LA POLÉMIQUE LIÉE À L’ÂGE DES TOROS …

Afin de mettre un terme définitif à cette fausse rumeur sur l’âge présumé des toros de Victoriano del Rio combattus hier à Saint-Gilles pour la corrida, que certains (mal intentionnés ?) se plaisent à alimenter et faire circuler sur les réseaux, c’est en totale tranquillité et en toute transparence que Toro Pasión vous communique les passeports des toros combattus hier sur lesquels figurent les dates de naissance. Un grand merci à l’immense majorité des personnes qui ont bien compris qu’une erreur d’affichage pouvait être humaine, un point final à cette histoire pour les mauvaises langues !!

« L’équipe de Toro Pasión »

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