Hissés sur les épaules des costaleros, Christian Parejo et Solal sont sortis en triomphe des Arènes Emile-Bilhau à l’occasion de ladite « Corrida Provençale » qui inaugurait la Feria de la Pêche et de l’Abricot et au terme d’une après-midi entretenue, pour 2h45 de course.

Le Trophée de la Chaquetilla d’or a été décerné au chiclanero Christian Pajero, pourvu d’un meilleur bilan comptable que Solal qui a fourni, selon moi, la meilleure faena de l’après-midi devant le 3eme. A ce titre, et toujours selon un avis proprement personnel, un partage de la récompense n’aurait pas été ridicule.

Ciel de fin d’été, quelques nuages de passages, un poil de zef et une arène bien garnie à l’ombre et sous les travées pour voir débouler des chiqueros six exemplaires de la famille Blohorn, bien présentés, avec un profil plus offensif chez les 5 et 6, agréables aux courbes rondelettes et musclées. Tous, sans exception offrirent du jeu sous divers degrés de maniabilité. Encastés les 2, 5 et 6, ce dernier avec un certain piquant, nobles et juste de force les 1 et 4, plus juste de fond et incierto le 3. Vueltas posthumes accordées aux dépouilles de « Khorogo » et « Cocody » porteurs des dossards 5 et 6.

Par quelques bonnes véroniques de réception, El Rafi salua l’arrivée de « Abidjan » qui contourna la pièce montée pour une première rencontre erronée. Deuxième prise, celle-ci trasera et au relief limité. Face à un adversaire doté d’une certaine exigence, aux assauts parfois vils malgré un bon fond de noblesse, le torero nîmois proposa une faena majoritairement droitière, au tracé inégal mais au profil des plus volontaires. Meilleurs échanges sur la corne droite avant que le final n’ajoute quelques points à la note, par luquecinas ajustées dans un mouchoir de poche. Lame tombée. Pétition d’oreille, un peu légère selon moi pour qu’un mouchoir ne tombe… mais il tomba.

En quatrième position « Cosrou », un magnifique salpicado salué par deux largas cambiadas de rodillas, véroniques templées, chicuelinas et remate de grand gôut. Quite par faroles bien exécuté après une rencontre préservée et qui précéda une vuelta de campana venant altérer les forces déjà limitées du Blohorn. Muleta en main, El Rafi se montra intelligent et joua de douceur face à un animal noble mais handicapé des antérieurs. Sans trop baisser la main, le nîmois parvint à ciseler plusieurs mouvements bien pensés sans toutefois que l’affaire ne passe la rampe. Effort méritoire jusqu’au final dans un terrain réduit. Pinchazo, ¾ de lame. Légère pétition logiquement non suivie.

Christian Parejo hérita en premier lieu de « Assinié », piqué deux fois sans grand soin avant que Solal ne se distingue avec un quite par chicuelinas ajustées. Avec un toro vibrant et aux allègres charges, le chiclanero signa une faena inégale en tracé et à l’intensité décroissante, marquée par plusieurs mouvements droitiers de très bonne facture. Trasteo de grande volonté, supérieur sur la rive droite face à un toro que le jeune diestro n’est pas parvenu à totalement faire rompre en posant davantage son toreo, pour que les débats prennent une ampleur plus importante ce qui n’enlève évidemment rien à l’engagement total du garçon. Lame plate et en arrière. Mort en brave qu’il fut du Blohorn. Deux oreilles, la seconde à mon sens un poil généreuse.

Le quinto « Khorogo » se montra brave sous le fer, en poussant franchement les deux cornes dans le matelas, bien capté là-haut par Jean-Loup Aillet. Un animal encasté qui demandait les papiers dans un dernier tiers où Christian Parejo profita de la charge vibrante de son adversaire avant que celui-ci ne fasse régner sa loi. Avertissement sans frais et désarmé dans une faena au profil volontaire, mais décousue au-devant d’un toro dominateur qui n’aura jamais rompu. Espadazo en toda ley. Oreille avec pétition de la seconde, fort justement non concédée. Vuelta au toro.

Solal vit d’abord débouler « Anyama », mal piqué en deux séances sans relief avant que le nîmois n’offre un grand tercio de banderilles avec notamment une ultime paire impressionnante dans le berceau des cornes. Face à un animal d’abord noble, puis tournant court et juste de forces, le torero de Nîmes trouva rapidement la distance et le tempo idoine en parvenant à imprimer une faena à la gestuelle harmonieuse, « asentada », tout en relâchement et jalonnée de quelques séquences de classe. Trasteo gaucher supérieur en profondeur à l’exécution d’une bonne poignée de naturelles. Plus de pouvoir et de fermeté à droite dans un ensemble portant sur les étagères. Hélas une conclusion manquée avec l’estoc priva le nîmois de la double récompense promise. Triple pinchazo. Lame fulminante.

Enfin, pour clôturer le bal, déboula « Cocody ». Offensif de salida et applaudit par l’auditoire, le Blohorn s’engouffra dans la cape pour une poignée de véroniques bien conçues. Bel engagement sous le fer de Francisco Ponz « Puchano » en deux rencontres, la seconde fortuite. Nouveau bon tercio de banderilles du nîmois. Brindis aux travées. Muleta en main, le torero de Nîmes fut remarquable de sang-froid face à une de ces toros « qui t’enlève du milieu ». D’abord en canalisant avec beaucoup de cran les assauts spectaculaires du Blohorn sur plusieurs séries vibrantes, puis en offrant une lidia remarquable, dans un corte classique et appliqué, meilleur à droite. Sur le fil du rasoir en fin de partie avec un opposant devenant plus retors, Solal ajusta une dernière série de manoletinas avant de parachever son engagement avec les armes. Entière légèrement tombée. Deux oreilles toutes légitimes et vuelta au toro, à mon avis plus discutable.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes Emile-Bilhau, Saint-Gilles. Feria de la Pêche et de l’Abricot. 6 toros de Blohorn.

Présidence : Mr Arlac

Cavalerie Heyral. 9 rencontres.

Vuelta au toro « Khorogo » n°59 né en septembre 2019, 5eme, et au toro « Cocody » n°81 né en décembre 2019, 6eme.

Christian Parejo et Solal se présentaient à Saint-Gilles en qualité de matadors de toros.

Solal a brindé son premier combat à ses amis, Christian Parejo son second au raseteur Joachim Cadenas.

Le trophée de la Chaquetilla d’or a été remis à Christian Parejo.

Marseillaise entonnée à l’unisson à l’issue du paseo suivie d’une minute d’applaudissements à la mémoire de Thomas Guzman, fidèle de la ganaderia Blohorn récemment disparu.

Patrick Alarcon, mayoral de la ganaderia Blohorn a salué puis partagé la vuelta finale avec Christian Parejo et Solal.

EL RAFI (rose et or) : oreille et saluts

CHRISTIAN PAREJO (sangre de toro et or) : deux oreilles et oreille

SOLAL (nuit et or) : ovation après avis et deux oreilles

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