A pied, entouré de sa cuadrilla, dans cette simplicité qui le caractérise tant, Thomas Joubert a quitté les arènes Emile-Bilhau de Saint-Gilles sous une immense ovation d’adieu. Un aurevoir a ce torero pétri de talent et d’un mystère dont on n’aura peut-être pas tout vu, mais qui aura entretenu la flamme et l’espoir des amoureux de ce toreo atypique et charismatique. Au soir de la 33eme et dernière corrida de sa carrière Thomas Joubert a dit adieu au toreo, tout sourire et le cœur léger. Que la réussite l’accompagne désormais dans les nouvelles activités qu’il entreprendra, avec comme toujours, le cœur et le don de soi pour moteur…

Difficile d’imaginer que l’éclaircie d’une après-midi de toros est venue de la mélancolie d’un adieu… Corrida d’exception, corrida de déception, comme le veut parfois l’adage. Pour sa dixième temporada à la tête de l’enceinte saint-gilloise, l’équipe de Toro Pasion avait vu grand avec la venue du numéro 1 mondial Andres Roca Rey, qui dans sa tournée estivale avait amené du monde, puisque les travées -sans atteindre le « No hay billetes » logiquement espéré- étaient quasiment garnie en plein à l’heure du paséo. Celui-ci retardé de quelques minutes.

Pour l’occasion, l’empresa locale avait parié sur des toros de Rocio de la Camara (le 6eme de Cortijo de la Sierra), inédit depuis près de trente ans en France et qui pourrait attendre encore quelques années avant de traverser de nouveau la frontière tant le lot envoyé dans le Gard fut décevant. Un lot inégal de présentation allant du gordito et haut premier, à un troisième plus anovillado, mieux fait et plus offensif l’ultime. Les 4 et 5 se sont invalidé, ce dernier dès son entrée en piste, suppléés par un Cortijo de la Sierra, laid, mal fait et qui n’aurai jamais dû sortir du campo mais au demeurant le meilleur du jour et un Gallon plutôt correctement présenté. Et le ramage n’a pas sauvé le plumage. Tous à l’exception du 4bis, furent de peu de fond, et de forces. Manso et abrupt le 1, faible le 2, mauvais le 3, brave et avec une bonne corne droite le 4bis, noble mais juste de forces le 5bis de Gallon, dénué de classe l’ultime.

Thomas Joubert hérita d’un premier adversaire sorti au pas, haut et gras, lidié por fuera avant d’aller seul vers Jean-Loup Aillet et sa monture, sortant seul de la première rencontre. Deux bonnes paires de Marc-Antoine Romero avant brindis intime précédant une faena chahutée par un toro manso, bourru, juste de forces et vide de fond. Au son du Concerto de Aranjuez, Thomas Joubert trouva la solution à gauche, signant plusieurs passages cérémonieux dans un ensemble d’intensité toutefois inégale. Final par naturelles de face avant lame basse et contraire, pinchazo puis entière.

Après trois bonnes véroniques et une demie, l’arlésien vit son second s’invalider et être remplacé par un vilain sobrero de Cortijo de la Sierra (même maison). Un animal qui démontra une certaine bravoure, rentrant fort et poussant sous le fer de Mathias Forestier. Beau quite par chicuelinas avant double brindis. Au public d’abord avec deux mots, simples : Merci Beaucoup. Puis à sa compagne et sa fille, les yeux embués de larmes. Muleta en main, Thomaas Joubert signe une faena dans ce corte si particulier, fait de pureté et de verticalité, tout en profondeur sur la bonne corne droite de son opposant. Une dernière faena, courte, irrégulière mais intense. Muleta pliée sur la ceinture, l’arlésien s’est profilé, dépliant le leurre au dernier moment pour un recibir sincère, sans se mouvoir. La lame résulte vilaine, « Pantera » se couche non sans avoir lutté et tout une arène se dresse pour honorer son torero. Deux oreilles, Thomas n’en voulu qu’une et le fit savoir au palco. Un tour de piste chaleureusement fêté puis Thomas Joubert invita Alain Montcouquiol à s’avancer en piste afin de lui couper la coleta. Moment d’intenses émotions. Nouveau tour de piste. Il y avait des larmes et de la nostalgie, déjà.

On oubliera bien vite le passage au pays de la Pêche et de l’Abricot de la superstar Roca Rey. Le diestro péruvien est d’abord tombé sur un Rocio de la Camara qui déboula les quatre pattes sur la pédale de frein. Lidia bâclée, pique lourde. Burn out du cornu. Abrégeons d’une bonne lame.

Son second s’invalida à son entrée en piste et fut suppléé par un sobrero de Gallon capté par deux véroniques et la demie puis piqué comme-ci comme-çà… Mobile et noble d’abord, le Gallon a rapidement baissé de ton. Le limeño signe une faena atone, dénuée d’émotions et d’un engagement limité jusqu’au coup d’épée final. Demi-lame du bout des doigts et un coup de verdugillo.

Le premier adversaire d’Adriano s’en alla seul foncer vers la pièce montée pour une ration compte double. Face à ce manso médiocre et aux intentions peu claires, le torero de Nîmes s’en alla batailler dans le terrain des tablas, fournissant un effort des plus méritoires avant de sécher avec les instruments.

L’ultime, du second fer de la maison ne nous sauva pas de la quema. Plus vif de prime abord, le Cortijo de la Sierra fonça sans un brin de classe, ni de caste dans la muleta d’un Adriano volontaire et qui composa une faena meilleure sur la rive droite mais au tracé inégal. Conclusion approximative avec les armes.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes Emile-Bilhau, Saint-Gilles. Feria de la Pêche et de l’Abricot. Quasi plein. Soleil de fin d’été. Toros de Rocio  de la Camara, Cortijo de la Sierra (4bis et 6) et Gallon (5bis)

Présidence :

Cavalerie Heyral. 7 rencontres.

Les trois toreros ont salué à l’issue du paseo.

Thomas Joubert s’est coupé la coleta à l’issue de son second combat.

Thomas Jouberta brindé son premier combat à un intime, son second au public puis à sa compagne et sa fille.

Andres Roca Rey a brindé son second toro au public

Adriano a brindé son deuxième combat à Thomas Joubert.

THOMAS JOUBERT(rouge et or) : saluts et deux oreilles

ROCA REY (violet et azabache) : silence et silence

ADRIANO (vert et or) : saluts et silence

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