ARLES (31.03.2024, tarde) - ALEJANDRO TALAVANTE en état de grâce ouvre la Grande Porte avec 4 oreilles !

Exécrable comme le temps, génial comme Talavante. En une phrase courte et simple pourrait se résumer l’après-midi de ce dimanche de Résurrection aux Arènes d’Arles. A 18h52 à l’heure où Arles prenait des airs de Lake District, Alejandro Talavante lui, descendait tout sourire l’escalier du parvis des Arénoises. Et pour cause, sans qu’il n’y ai quoi que ce soit à mégoter, le matador de Badajoz venait de couper quatre oreilles aux toros de Jandilla (le premier du fer de Vegahermosa).

Ciel abominable se dégradant minute par minute conditionnant surement l’entrée à une grosse demi arène. Premières gouttes au 4eme toro, jusqu’à la saucée, fine mais continue au 6eme qui n’entacha pas le grand moment signé Alejandro Talavante.

Six toros, 2 du fer de Los Espartales pour le rejon, 3 de Jandilla (2,5 et 6) et 1 de Vegahermosa formant un lot homogène de morphologie, correctement présenté, supérieur en trapio et armure le joli “melocotón” porteur du dossard n°2. Braves le 6 et l’excellent troisième qui avait davantage de race, à un degré moindre le 2, plus effacé le 5. Tous, à l’exception du 3eme (à la 2eme rencontre) furent discrets sous le fer. L’ultime “Ajumado” fut primé d’une vuelta posthume pour son grand jeu et sa bravoure. Un tour de piste qu’aurait (à mon avis) d’avantage mérité le troisième “Ojeador” plus complet.

Au cœur d’une après-midi en mode “temps de chien”, Alejandro Talavante a offert une prestation XXL en signant probablement la tarde la plus aboutie de sa trajectoire hexagonale. Jamais sevré de créativité et d’inspiration, le torero extremeño a su faire oublier le temps de deux partitions le froid et le pénible zef. Réception par faroles à son premier puis capoteo de bon ton. Face à un toro brave et aux embestidas vibrantes, Talavante signe une entame plein gaz les genoux dans le sable avant de conduire admirablement le fauve sur les deux mains, obtenant la meilleure note sur des échanges gauchers d’une grande pureté. Final droitier tout en profondeur en ployant la jambe puis espadazo libérant d’emblée deux trophées. Le triomphe tout acquis, le diestro de Puebla de Sancho Perez aurait pu baisser le pied, mais bien au contraire et enfonça l’accélérateur, une nouvelle fois face à un très bon toro de Jandilla. Noble, très mobile et avec de la fixité, le toro au fer à l’étoile offrit tout le loisir à Talavante de se sublimer au cours d’un trasteo tout bonnement génial, de temple, de profondeur, recherché et parsemé de subtil détails muleteros. Une bondieuserie de main gauche qui réchauffa à elle seule les travées jusqu’au coup de canon final libérant deux nouveaux trophées. Une vuelta fut accordée au brave « Ajumedo » récompensant probablement l’ensemble de l’envoi.

Cavalier sensationnel, Diego Ventura s’est vu récompensé d’une oreille à l’issue de son premier passage, comprenant plusieurs séquences de grand son, notamment sur les flancs du sublime Nivaldo puis avec Guadiana pour les banderilles courtes clouées dans un mouchoir de poche. Rejon de mort efficace. Une efficacité qui mit ensuite en échec le rejoneador lusitanien qui sécha avec la ferraille au moment de conclure une deuxième partition enjouée dans sa première partie puis plus inégale ensuite. Impressionnant dans sa monte et sa faculté à connecter avec les étagères, Diego Ventura signa les meilleurs passages sur la croupe Fabuloso puis de Bronce.

Jose Maria Manzanares est toujours aussi beau et remarquable de prestance que ses deux faenas manquaient de relief. Il est vrai moins idéalement gâté par le tirage au sort, le diestro d’Alicante semble, sur ses dernières sorties françaises, avoir perdu le mojo, la flamme. L’alicantin a semblé nerveux, gêné par Eole et parfois “rouspetaïre” sur ces deux passages. Otra vez sera. Ojala…