Il faut dire que ça en jette ! Voir des arènes de 12 000 places, archi combles, se lever et chanter à l’unissons la Marseillaise, ça donne la chair de poule. D’autant plus si c’est pour donner lieu ensuite à un triomphe d’un torero français !
Après un premier après-midi qui laissa les aficionados sur leur faim, à cause du lot de Juan Pedro Domecq, décevant, on peut dire que la corrida de Garcigrande ne manqua pas d’intérêt. Certains toros recevant même une très bonne note. Ce sera le cas du troisième du lot, qui croisa la route du nîmois El Rafi. Un animal aux charges vibrantes. Ses frères qui furent octroyés à Sébastien Castella se montreront également à leur avantage. Deux toros nobles et plutôt collaborateurs que le maestro de Béziers ne laissa pas échapper. Puis sortirent également du toril un total de trois sobreros. Deux de chez Juan Pedro Domecq (dont l’un sera également changé par le président) et un troisième de la ganadería française de Fernay y sus hijas qui ne laisseront pas un grand souvenir sur le sable nîmois.
Sebastien CASTELLA est ainsi sorti par la grande porte des arènes de Nîmes qui s’est déjà tant de fois ouverte sur son passage. Un nouvel après-midi où rien ne semble lui résister. Il reçoit son premier par un bon accueil capotero par véroniques et chicuelinas. Son début de faena est exclusivement gaucher avec de bonnes séries douces et templées. Un peu plus tard, il s’imposera à droite et terminera dans un terrain très réduit par redondos. Il tue d’une entière tombée et coupe deux oreilles, la deuxième un peu gentille.
Son second adversaire se montre également noble et collaborateur dans les trastos bien qu’il terminera par avoir envie de se réfugier au toril. Castella démarre par un cambio au centre dont il a le secret. La faena est longue mais non moins intéressante. Le torero semble d’ailleurs s’agacer à plusieurs reprises du manque de réactivité du public qui aura eu du mal à rentrer dans la faena. Finalement, Castella réussira à lier les muletazos dans un terrain réduit ce qui terminera de convaincre son auditoire. Il couche le toro de Garcigrande d’un pinchazo, une entière trasera et un descabello avant de couper une troisième oreille synonyme de grande porte.
ROCA REY croise la route d’un premier adversaire qui met du temps à se fixer dans son capote, préférant visiter la piste des arènes de Nîmes. Il arrivera à la muleta en manquant de fonds malgré le fait que le péruvien ait fait en sorte qu’il ne soit que très peu piqué. Roca Rey devra alors abuser d’inspiration pour pouvoir connecter avec les gradins, lui dont la muleta semble bien trop puissante face au peu d’adversité proposée par l’animal. Il finira par une démonstration d’aguante entre les cornes avant de tuer d’un pinchazo profond.
Son second se montre flojito dés les premières embestidas dans le capote. Il sera très vite renvoyé au toril, laissant place au premier sobrero de Juan Pedro Domecq. Bis repetita. Le sobrero numéro un laisse place au sobrero numéro deux, du même fer, pour boiterie. Malheureusement, le toro de Juan Pedro Domecq ne fera guère mieux que ses frères de la veille, se montrant insipide, sans jamais baisser réellement la tête dans la muleta d’un Roca Rey qui s’éternise au cours d’une faena longue et ennuyeuse…
Cela aurait très bien pu être la journée d’El RAFI. Il arrive qu’on touche la gloire du bout des doigts, jusqu’à en sentir l’odeur, à en gouter la saveur… C’est ce qui est arrivé au jeune matador de toros nîmois qui a été l’auteur d’un grand après-midi avant que la gloire ne lui file entre les doigts…
Il réalise une prestation complète et aboutie face à son premier, un grand toro de Garcigrande qui aura eu un seul défaut, celui de marquer son envie d’aller au toril dés le début de la lidia. Défaut gommé à la perfection par El Rafi. Après une excellente paire de banderilles d’El Monteño, le nîmois donne une faena vibrante, bien construite, intelligente et qui connecte avec le public qui aura été, tout au long de l’après-midi, à fond derrière son poulain. Malheureusement, le triomphe promis s’échappe avec les deux pinchazos à l’épée.
Qu’à cela ne tienne ! El Rafi prend la direction du toril pour aller y accueillir son deuxième adversaire à genoux. Quatre largas et quelques chicuelinas plus tard les aficionados sont debouts et la folie s’empare des gradins. Folie qui amène même El Rafi à prendre les banderilles. Son public le lui demande, il ne peut pas refuser. L’animal galope avec transmission et tous les espoirs sont alors permis pour la suite. Jusqu’à ce que ce dernier ne se casse la patte… le destin, une nouvelle fois, aura décidé de jouer les troubles fête. C’est alors un sobrero de Fernay y sus hijas qui déboule sur le sable nîmois. Tenter le tout pour le tout, se dire que la pièce peut cette fois-ci tomber du bon côté, El Rafi accueille également ce 9ème toro genoux à terre, contre les planches. Il partage le tercio de banderilles avec son copain de toujours, Thomas Ubeda. L’espoir est revenu, alors que le toro charge avec alegría dans les premiers muletazos. Malheureusement, il se dégonflera après la deuxième série. S’arrêtant complètement et cherchant à se réfugier le long des planches. Après une entière, et dans un dernier élan de solidarité, le public demandera une oreille pour son torero. Pétition qui ne sera pas écoutée par le président, garant du sérieux au milieu de la liesse populaire.
CHRONIQUE ET PHOTOGRAPHIES G.B.
FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA
Arènes de Nîmes. Feria de Pentecôte 2024. PLEIN « NO HAY BILLETES ». SOLEIL. 4 TOROS Garcigrande, 2 toros de Juan Pedro Domecq (5 bis, 5 tris) et 1 toro de Fernay y sus hijas (6 bis).
Organisation : Simon Casas France
Présidence : Bernard Angelras assisté de M. Crudo et M. Gleize
Poids des toros : 525, 501, 515, 514, 538 et 525 kilos.
Cavalerie Heyral. 12 rencontres.
Les trois toreros ont salué à l’issue du paseo.
Sébastien Castella est sorti en triomphe par la porte des Consuls.
Sébastien CASTELLA (blanc et argent) : Deux oreilles et oreille après avis
ROCA REY (sang de toro et or) : Oreille et silence
El RAFI (lit de vin et or) : Vuelta après avis et vuelta après pétition
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