Afin de paraphraser mon compagnon de burladero « les épées, comme le soleil n’étaient pas de la partie » … Sinon l’on pourrait répondre par l’affirmative que la totalité, ou presque, des oreilles caressées par les piétons auraient été logiquement tranchées… sans une maladresse chronique au moment de conclure.

Le temps non plus n’était pas à la fête. Ciel à la mode Galway, mais en pire crachin inclus, tout au long d’une après-midi. Relation de cause à effet, l’entrée s’en fit ressentir avec seulement un dixième d’arène à l’heure des clarines. Trop peu pour la cause, et pour le contenu de ce festival entretenu dont n’aurait pas été peu fier Cyril Colombeau – à qui l’on rendait hommage- notamment de par la grande qualité du bétail estampillé « Toros de France »…

Avant que ne déboule le premier animal de l’après-midi, le Comité de la Feria remit un souvenir à la famille Colombeau, cheville ouvrière de ce festival dont les bénéfices seront destinés à soutenir l’Ecole Taurine du Pays d’Arles.

Andy Younes ouvrit la séance en accueillant par un bon capoteo un Margé charpenté qui s’avéra brave en deux rencontres sous le fer de Sofianito. Muleta en main, le torero local qui revenait dans les arènes de sa ville, profita de la classe et de la transmission du pensionnaire des Monteilles pour orchestrer une bonne faena, débutée par cambio au centre puis poursuivie par de bonnes séquences ambidextres, comprenant quelques mouvements gauchers très aboutis. Lame en arrière. Oreille.

Par de bons mouvements capoteros, Tibo Garcia salua la venue du cardeño de La Golosina. Deux piques, poussant bravement sur la première, plus brève la seconde avec Luc Tosello à la manœuvre. Avec la flanelle, le nîmois administra une faena soutenue en parvenant à contenir la bonne charge et le moteur du bicho, atteint d’un brin de soseria mais chargeant inlassablement. Faena parfaitement ajustée sur les deux mains, avec plusieurs passages de grande note, notamment sur la rive droite. Entière sans effet, pinchazo puis descabello. Saluts.

Par de bonnes véroniques, El Rafi capta les premiers assauts d’un Colombeau charpenté, qui rentra fort dans le matelas, recevant une bonne pique bien administrée par Gabin Rehabi. Bon doblones d’ouverture avant poursuite droitière de correcte note, le Colombeau étant bien conduit sur sa bonne corne donnant lieu à plusieurs séquences bien liées. A gauche, le cornu était d’avantage retors et l’affaire tourna court. Retour droitier pour un bon final avant que le nîmois ne sèche avec la ferraille. Saluts.

Par d’agréables véroniques, Carlos Olsina salua l’arrivée du quatrième, de Pagès-Mailhan, brave au cheval et plutôt bien piqué par Jean-Loup Aillet. Le torero de Béziers, muleta en main, profita de la mobilité idéale du toro des Jasses de Bouchaud, d’une noblesse infinie, brave et avec de la transmission. Sur les deux mains, le biterrois toréa avec beaucoup de plaisir, administrant de nombreuses tandas au tracé admirable. Hélas, les deux oreilles au bout des doigts s’envolèrent pour un maniement défectueux de l’épée. Saluts et vuelta au novillo.

Le dur à cuire du jour, du fer d’El Campo, fut dévolu au nîmois Nino Julian. Le bicho rentra fort à l’unique rencontre avec le cheval, monté par Mathias Forestier. Nino Julian partagea la pose des banderilles avec Mehdi Savalli et Hugo Stievenart pour un tiers enlevé. Muleta en main, le novillero de Nîmes essuya la brutalité et les assauts de son adversaire, peu disposé à laisser le garçon installer sa tauromachie. Nino Julian fit front avec beaucoup de cran jusqu’à porter une estocade des plus sincère en mode coup de canon valant à elle seule l’oreille octroyée.

Venait à Victor Clauzel l’honneur de clore la séance devant un astado de la famille Gallon (non piqué), brave, doté d’une grande capacité de répétition et noble à souhait. Le jeune torero saintois – qui devrait bientôt débarquer dans la catégorie supérieure des « con caballos » – ne se fit pas prier pour embarquer le fauve dans sa muleta orchestrant une faena de bonne note, avec ce toreo vertical que le garçon s’approprie fort bien. Le meilleur sur la rive droite en parvenant à se relâcher avant de, lui aussi, balbutier avec les armes. Oreille et vuelta au novillo.

FICHES TECHNIQUE DU FESTIVAL

Arènes d’Arles. Hommage à Cyril Colombeau. 1/10 d’arène. Ciel menaçant, pluie fine. Novillos de Margé, La Golosina, Colombeau, Pagès-Mailhan, El Campo et Gallon.

Présidence : André Castella

Cavalerie Bonijol. 7 rencontres. (le sixième non piqué).

Vuelta aux novillos n°170 de Pagès-Mailhan (4eme) et n°39 de Gallon (sixième)

ANDY YOUNES :oreille

TIBO GARCIA :saluts

EL RAFI : saluts

CARLOS OLSINA :saluts

NINO JULIAN :oreille

VICTOR :oreille

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