Déshabiller Pierre pour habiller Paul ! C’est ce que pouvaient se dire les aficionados arlésiens au sortir de la dernière corrida de la temporada locale et après que Maxime Solera se soit vu refuser une oreille fortement réclamée par le public. Trophée que le fosséen s’était fort justement gagné avec tout autant de mérite, voir plus encore, que Jésus Enrique Colombo devant le quinto. Un excès de « rigidité présidentielle » ou d’insensibilité, c’est selon, à l’endroit d’un torero qui jouait gros pour sa première et dernière corrida de la saison et auteur d’un effort ô combien méritoire.

Un quart d’arène à l’heure des clarines, sous un ciel menaçant tout au long de l’après-midi, une pluie accompagnant finalement les derniers souffles de l’ultime toro d’une corrida du Curé de Valverde inégalement mais bien présentée dans son ensemble tant en tamaño qu’en armure, avec mention aux toracos astifinos sortis en position 5 et 6. Braves les 1,2 et 6, qui pris quatre vrais puyazos et à un degré moindre le 3. Le reste fut globalement d’un investissement relatif aux piques, malgré quelques assauts au-delà de la ligne des 22 notamment pour les 2, 3 et 5 qui sortit seul à la seconde. Meilleurs pour le toreo les trois premiers, juste de forces et dénué de transmission 4, diaboliques les 5 et 6.

Torero révélation de la temporada dans le créneau des corridas réputées difficiles, le colombien Juan de Castilla salua par de bonnes véroniques l’arrivée du premier, confié au groupe équestre pour deux piques préservées. Après avoir brindé aux travées, le torero de Medellin signe une entame vibrante, plein centre, les deux genoux dans le sable en baissant la main. Bonne réponse du Valverde avec de la classe et beaucoup de transmission. Rebelote sur une grande série droitière donnée en citant de loin. Plus frileux à gauche, le colombien a parfois eu du mal a passer la ligne de flottaison et revint à droite, le tout allant globalement a menos. Final audacieux par manoletinas de rodillas avant qu’un échec à l’épée ne fasse s’envoler une potentielle récompense. Pinchazo, entière contraire et un wagon de descabellos.

Son second, bravito à la première rencontre, malgré un léger fond de noblesse manqua ensuite cruellement de transmission et de parcours car handicapé par une boiterie avérée de l’antérieur gauche. Le colombien édita une prestation majoritairement droitière de peu d’écho et se montra de nouveau peu inspiré avec les outils.

Jesus Enrique Colombo salua par quelques véroniques éparses la venue du second, mal piqué les deux fois, la deuxième en partant de plus loin. Quite par zapopinas avant que le vénézuelien ne reçoive une belle ovation aux banderilles, malgré deux premières paires à cornes passées, le violin final venant relever la note. Un long tercio qui aura pesé sur les qualités morales du brave et noble Valverde d’abord embarqué dans quelques échanges droitiers sans grand son. A gauche l’affaire fut toute autre, et par un toreo enfin fondamental, le natif de San Cristobal distilla deux tandas gauchères au tracé admirable. Final par luquecinas sur le fil du rasoir. Pinchazo au premier essai, même résultat pour une tentative a cuerpo limpio puis espadazo. Pétition non suivie d’effet, à juste titre.

Le quinto, un véritable toraco donna du fil a retordre au sud-américain dès la réception cape en main. Première bonne poussée en rentrant fort. Deuxième plus inégale, l’astado sortant seul du peto. Tercio de banderilles animé et cette fois plus exposé pour lequel Colombo s’attira l’ovation du respectable. A la muleta, gare au gorille ! Ce Valverde sournois qui avait le diable au corps, n’offrit rien et coupait les terrains en jouant de ses bois. Impossible à consentir pour le vénézuélien qui se mit en mode machateo avant d’essuyer, au niveau de la poitrine un impressionnant tampon à son deuxième essai épée en main. Plus de peur que de mal, épée en place. Pétition d’oreille jugée majoritaire, accordée et contestée par une partie du public puis passage à l’infirmerie pour Jesus Enrique Colombo visiblement touché au niveau de la zone pectorale.

Maxime Solera, pour son retour après plus d’un an de mise au ban hérita d’un premier Valverde abanto de salida puis bien capté par Jean-Loup Aillet en deux assauts, le premier en mettant les reins. Moins investi à la seconde. Competencia aux quites avec Juan de Castilla, par chicuelinas. Après un brindis intime, Maxime Solera du composer avec un animal noble, mais juste de forces que le fosséen aborda avec patience. Premiers échanges droitiers à l’écho limité avant que Maxime ne trouve le juste rythme, imprimant peu à peu un tracé des plus agréables sur ce bord. Faena de menos a mas, sublimée par deux belles séries de la gauche, celles avec le plus de profondeur. Entière basse puis légèrement contraire faisant voler en éclats tout espoir de récompense.

Devant l’ultime, le torero de Fos-sur-Mer délia quelques bonnes véroniques avant de confier le Valverde à Francisco Ponz « Puchano » pour quatre rencontres d’intensité croissante. Deux premières rations sans grand relief avant que le bicho ne s’investisse avec davantage de brio à la troisième puis en fonçant depuis le camp adverse à la 4eme prise. Ovation au lancier puis salut de Thomas Ubeda après deux bonnes paires, Maxime Solera s’étant chargé de placer son banderillero sur orbite. Muleta en main, le fosséen eu fort à faire au-devant d’un animal compliqué et orienté, admirablement consenti de la droite par un torero qui s’en alla chercher son adversaire dans des terrains compromis sans jamais renoncer. Entière légèrement tombée d’effet rapide. Pétition ultra majoritaire, non suivie d’effet. Inexplicablement.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes d’Arles. Feria des Premices du Riz 2024. ¼ d’arène. Ciel voilé et menaçant. 6 toros du Curé de Valverde.

Présidence : Mr. Kugener assisté de Mr. Bremond et Mr. Maragnon.

Poids des toros : 540, 530, 520, 510, 560, 540.

Cavalerie Bonijol. 14 rencontres.

Salut du banderillero Thomas Ubeda au 6eme.

Les matadors Juan de Castilla et Jesus Enrique Colombo se présentaient aux arènes d’Arles en qualité de matadors de toros.

JUAN DE CASTILLA(blanc et or) : saluts après avis et silence

JESUS ENRIQUE COLOMBO(bleu nuit et or) : vuelta et oreille

MAXIME SOLERA(tabac et or) : saluts et vuelta al ruedo.

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