Un cœur énorme, une volonté de fer et une muleta sûre, voilà ce qu’il fallait, en ce dimanche de clôture de Feria, comme ingrédients afin de tirer son épingle du jeu et triompher des toros de Yonnet.
Ces ingrédients là, Alberto Lamelas les avait. Plus, bien plus que ses compagnons de route du jour. Le torero andalou a triomphé, avec trois oreilles d’un lot des Héritiers de Yonnet, divisé en les deux fers de la maison, tous superbement présentés. Trois Christophe Yonnet (1,2 et 3), de peu de présence au cheval, exception faite au second assaut 3eme, le meilleur de tous, noble, avec du fond, de la promptitude dans ses arrancadas et beaucoup de vibrations dans ses charges gauchères. Âpre, difficile à l’extrême le 1er, armé jusqu’aux dents quasiment inabordable au contraire du 2eme, dur mais doté d’une corne droite exploitable. Puis trois d’Hubert Yonnet, hauts et sérieux. Spectaculaire sous le fer l’ultime, plus agressif que véritablement brave, discrets les deux autres. Dans le dernier tiers, le 4eme n’avait pas de vice et peu de charge, le quinto manqua de fond et l’ultime s’avéra sérieux, complexe mais avec du fond.
Le véritable grand gagnant de l’après-midi se nomme bien évidemment Alberto Lamelas, particulièrement décidé malgré une temporada faite de hauts et de bas. Le matador de Cortijos Nuevos avait une véritable carte à jouer et autant dire qu’il l’a joué à fond. Un bon capoteo salua l’arrivée de son premier, bien capté par véroniques énergiques puis confié au groupe équestre pour deux rencontres inégales, supérieure la seconde suivie d’un quite par gaoneras à couteaux tirés. Saluts des banderilleros Mathieu Guillon et Jose Antonio Prestel puis faena rythmée et bien menée face à un toro pourvu d’une bonne charge et d’une très bonne corne gauche que le torero andalou exploita notamment sur une série ronflante. Une faena allant a mas, d’une grande entrega, sincère. Final par bernardinas serrées avant espadazo libérant très vite les deux premiers pavillon, généreux le 2eme, synonyme de puerta grande. Alberto Lamelas paracheva sa belle après-midi face au sixième, qui envoya valser le picador de service et sa monture. Saluts des subalternes Victor del Pozo et Jose Antonio Prestel avant brindis à la ganadera Dominique Cuillé. Une faena mettant en lumière la disposition absolue du diestro andalou, qui mis beaucoup d’entrega dans un combat rendu viril du fait de la complexité du cornu. Une nouvelle lame, fulminante envoya le Yonnet dans l’au-delà, celle-ci valant hautement l’oreille octroyée.
Après 27 années d’alternative à lutter face à ce qu’il se fait de plus dur sur la planète toros, Rafaelillo est un torero parfaitement rodé à l’exercice. Son premier, le pire de l’envoi, retors et violent lui imposa la prudence. Sur le voyage, le murciano arracha deux muletazos inédits, se tentant a quelques bravades mal venues, sans dominer avant de loger une lame quasi entière au 3eme essai. Embrouille au descabello et division d’opinions. Son second, haut, n’avait pas grand-chose dans le ventre. Le Yonnet manquait de fond et passa sans émotions dans la muleta du torero de Murcia qui arracha sur le passage quelques bons derechazos.
Un courage sans limite sera mis au crédit d’Alvaro de la Calle. L’habituel sobresaliente, belle histoire de la Feria du Riz 2022, a montré ce jour les limites qui sont les siennes. Le torero salmantin n’est jamais parvenu à s’imposer devant ses deux adversaires du jour, les lidias furent laborieuses, et le travail muletero sans véritable fond. Difficile pourtant de lui jeter la pierre, car avec si peu d’opportunités de s’exercer, il faut un cran sans commune mesure pour venir se frotter aux légendes de Camargue dans les arènes d’Arles, mais la réalité, la dure réalité du métier était ce jour bien palpable. Le torero de Salamanca fut sans cesse à la merci de ses deux opposants, sérieux, de gabarits et de comportements, sans grand fond. Plus « muletero » le 2, plus complexe et viril le 5, qui toutefois permettaient. Conclusions délicates. Saluts de complaisance les deux fois.
A l’issue de la course, le prix au meilleur picador a été remis à David Prados de la cuadrilla d’Alberto Lamelas. Un prix, remis par Mr De Carolis, maire d’Arles et Camille Hotteman Moya, Reine d’Arles, a été remis à Marc Marion, alguazil des arènes d’Arles qui tirait sa révérence après 38 années de service.
FICHE TECHNIQUE
Arènes d’Arles. Feria des Prémices du Riz. 1/3 d’arène. 6 toros des Héritiers de Yonnet.
Présidence : Mr Maragnon assisté de Mme Melani et Mr Soler
Poids des toros : 525, 560, 555, 540, 535, 550.
Cavalerie Bonijol. 13 rencontres.
Saluts des banderilleros Mathieu Guillon au 3eme et Victor del Pozo au 6eme.
RAFAELILLO (sang de toro et or) : division d’opinions et silence
ALVARO DE LA CALLE (feuille de vigne et or) : saluts après avis et saluts après deux avis
ALBERTO LAMELAS (vert bouteille et or) : deux oreilles et oreille
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