Après la déception engendrée par une pâle novillada de La Quinta en ouverture, la novillada de Valdefresno qui venait mettre un point final à cette Feria Toros y Campo de Boujan-sur-Libron a rendu un verdict nettement plus glorieux, venant récompenser le travail des organisateurs après deux années de disette forcée.
Devant une arène abondamment garnie, arborant un gros trois-quarts d’aforo au moment du paseo (retardé de 10 minutes), et sous un ciel d’abord radieux puis menaçant, sont sortis en piste six exemplaires de Valdefresno qui ont permis à Solalito et Christian Parejo de traverser la grande porte en triomphe. Un envoi inégal en présentation et en armures, plus hauts et armés les 2, 4 et 6, plus ramassé le 1 qui manqua de forces, au port de tête très ouvert le quinto malo. Dans l’ensemble, la majorité offrit de bonnes options à la terna avec quatre utreros sur six bien exploitables, les 1, 2, 3 et 6, nobles, mobiles et parfois encastés, supérieur en tout le 2 primé d’une vuelta posthume. Tardo et querenciado le 4, violent voire infumable le 5.
Chez les piétons, c’est Solalito qui s’est assuré le premier de quitter l’Hérault en triomphe après une très importante faena devant « Trasquito », le second de l’envoi. Le nîmois a montré un visage très convaincant, de la fraicheur et de l’entrega dans tous les tiers devant son premier, de la détermination et du caractère devant l’impossible cinquième pour un succès qui vient confirmer son récent triomphe à la cape d’or nîmoise. Épaulé par son nouveau mentor Ludovic Lelong « Luisito », Solalito devrait faire fructifier cette confiance lors des prochaines échéances.
Christian Parejo l’a accompagné « por volandas » après avoir ravi les deux oreilles du bon sixième. Le torero de Chiclana, comme à la maison à deux pas de Béziers sa ville d’adoption a été porté par un public particulièrement dans l’attente d’un succès du torero « local ». Le protégé de Thomas Cerqueira qui surfe sur une dynamique positive depuis le début de la présente temporada a offert, face au meilleur lot, deux faenas pleine d’empaque et de bon goût, toréant avec pas mal de justesse et lui aussi d’entrega. Sans un maniement défectueux des instruments face au 3eme, le chiclanero aurait pu aisément alourdir de deux esgourdes le score final.
Face au panache de ses compagnons du jour, la prestation du sévillan Antonio Santana Claros fut quelque peu pâlichonne malgré un concept du toreo intéressant affiché notamment devant le premier de l’envoi, à mon sens sous exploité.
Antonio Santana Claros ouvrait les débats devant « Joyero ». Un utrero bien roulé, bas et au berceau ouvert qui accusa d’emblée d’un manque de forces significatif. Pris violemment à la cape, le torero sévillan confia le bicho au groupe équestre pour deux rencontres anodines, la seconde en mode picotazo. Ré-oxygéné après les banderilles, le Valdefresno se révéla mobile et noble notamment sur la rive droite d’où Santana Claros dessina les meilleures séquences. Pas totalement en phase avec les qualités de son opposant, l’andalou en resta quelque peu en deçà. Une oreille généreuse vint le récompenser après une lame pourtant perpendiculaire… Le cuarto « Lirio », un animal haut et applaudit à son entrée en piste fut salué par un capoteo inégal avant deux piques sans véritable style. Brindée à El Boni, la faena du garçon ne décolla jamais, la faute principalement à un utrero rapidement réservé et allant aux tablas. Un manque de race qui se confirma lorsque le quadrupède, par deux fois, se coucha… Flopée de pinchazos avant lame desprendida.
Le nîmois Solalito mis d’emblée la barre haute devant l’excellent second « Trasquito », que le gardois honora d’une larga cambiada de rodillas, bon capoteo puis chicuelinas marchées pour conduire le fauve vers l’unique rencontre, prise sans s’y employer outre mesure. Solalito se fit ensuite applaudir en se montrant allègre et brillant banderilles en main, pour trois paires posées avec aplomb, la 3eme au quiebro près des tablas. Un très bon Solal ensuite muleta en main, profitant des charges vibrantes de « Trasquito », un utrero mobile et encasté sur les deux bords. Guidé par Luisito, le torero de Nîmes se montra autoritaire et firme sur la diestra, captant bien les embestidas de son opposant, tout en prenant le soin d’aller au bout de ses muletazos. Plus suave sur la gauche, le nîmois signa plusieurs naturelles très abouties avant final par manoletinas. Mete y saca puis estoconazo. Deux oreilles chaleureusement fêtées et vuelta au brave Valdefresno. Le quinto malo « Pitillero » qui était fait d’une autre matière fonça vers la pièce montée avec force par deux fois, davantage par violence que bravoure. Une animosité que le bicho confirma dans le dernier tiers, après que Solal l’ait banderillé avec sincérité. Décasté et très vite aplomado, le Valdefresno était un diable à la charge de plus en plus raccourcie. Solalito s’arrimé et tenta de l’intéresser sur plusieurs séquences arrachées avec pundonor au prix d’un effort notable. Deux pinchazos au fil des tablas avant quasi entière sur tendida.
Christian Parejo, venu en « voisin » ne voulait pas laisser le nîmois quitter seul et sur les épaules la plaza héraultaise. Face au troisième « Lechucero », le chiclanero dessina plusieurs capotazos allurés avant de placer l’astado face au lancier pour une seule rencontre à l’économie suivie d’un quite par tafalleas. Belle entame de faena poursuivie au centre par plusieurs séquences bien léchées, notamment de la main droite, le garçon embarquant très vite les travées derrière lui. Face à un utrero noble, mais distraido et qui allait à menos, Christian Parejo compensa par une totale entrega les carences naissante du cornu. Grand final par luquecinas avant débâcle épée en main. Le protégé de Thomas Cerqueira transforma la sanction en succès devant l’ultime « Buscador ». Un Valdefresno noble et mobile qui se laissa embarquer dans la muleta d’un Parejo très inspiré sur plusieurs mouvements de bon toreo, surtout à droite, la meilleure corne de son adversaire. Le biterrois d’adoption échafauda une bonne faena, toréa en baissant la main, avec beaucoup de decision et d’entrega jusqu’au coup d’épée final qui envoya le fauve ad patres et le jeune homme sur les épaules pour une sortie en triomphe bien méritée.
FICHE TECHNIQUE DE LA NOVILLADA
Arènes de Boujan-sur-Libron. Feria Toros y Campo. 3/4 d’arène. Soleil, vent léger puis ciel menaçant. 6 novillos de Valdrefresno.
Présidence : Mr Picard assisté de MM Ladet et Panet
Cavalerie Bonijol. 9 rencontres
Les trois novilleros se présentaient aux arènes de Boujan-sur-Libron.
Vuelta al ruedo posthume accordée au second “Trasquito” n°53.
SANTANA CLAROS (violet et or): oreille et silence
Solal Calmet “SOLALITO” (lilas et or) : deux oreilles et silence après avis
CHRISTIAN PAREJO (blanc et argent soutaché de noir) : silence après avis et deux oreilles
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