(Photographie Bruno Lasnier, Floirac 1989)

Amor Antuñez “El Andaluz” nous a quitté le lundi 10 avril dernier. L’annonce de son départ à sonné alors même que son gendre, le matador de toros Clemente descendait triomphant le Parvis des Arènoises après avoir coupé dans les arènes d’Arles, deux oreilles d’un toro de Victorino Martin.

Ce lundi 17 avril, le monde du toro rendait sur la piste de ses arènes de Nîmes, un dernier hommage à Amor. Une ultime vuelta accompagnée par les mots du maestro Richard Millian dont El Andaluz fut l’un de ses plus fort point d’ancrage. Avec l’immense gentillesse qui le caractérise, Richard a bien voulu nous faire passer ses lignes, poignantes et véritables afin qu’elles soient lues par le plus grand nombre. Témoignage étreint de ces liens d’une puissance telle, qui unie au delà de la fraternité, ces hommes de lumières qu’elles soient d’or ou d’argent.

Amor Antuñez Iglesias “El Andaluz” Torero por la Gracia de Dios !


Une page pour résumer l’encyclopédie qu’a été ta vie, n’est pas suffisante !!
Je tiens à te dire que j’ai l’honneur d’avoir été choisi par nos frères d’arène pour faire le
porte parole de nous tous. De ceux qui t’ont fréquenté dans l’arène, nous cette grande
famille des toros, ceux de la lumière et ceux de l’ombre, ceux qui sont sur le sable et ceux
qui sont dans le callejon., tous unis par l’adrénaline.


Ton charisme, ton sourire et ta personnalité calme, réfléchie, enjôleuse et attentionnée
faisait de toi un homme respecté et un lidiador hors du commun.
Tu as partagé presque la totalité de ma vie professionnelle. Tu étais aussi chez toi en
Espagne, pays de tes racines, comme en France, pays de ton coeur.
Tu étais certainement, et parmi tous les autres de ta corporation et de ta génération, le
plus complet de tous les professionnels de l’arène.


Ton ambition était d’être Matador de Toros, les circonstances ont fait que tu es devenu un
excellent professionnel de plata, marquant ainsi de ton empreinte la tauromachie par tes
qualités artistiques et humaines. Pour assouvir ton rêve d’adolescent, tu as tardivement
rejoins le rang des matadors de toros.


Excellent banderillero, organisateur, apoderado, sastre de toreros, matador, tu m’as même
surpris un jour en jouant du piano !! Partition flamenca courte mais saisissante, que tu
m’as d’ailleurs enseignée !!


Tu savais t’adapter, accompagner, conseiller, calmer, je me sentais en sécurité en t’ayant
à mes côtés.
La corrida terminée, le soir au patio de l’hôtel, la cigarette au bec, on refaisait les faenas,
avec animation, avec sérieux et humour et tard dans la nuit dans cette lumière tamisée
d’un soir d’été, tu évoquais l’importance qu’avaient pour toi ta femme Anne-Marie et tes
enfants, tu disais combien ils te manquaient, mais aussi qu’ils étaient ta motivation et
l’énergie de ta vie.


Ok, on va aussi dire que tu n’étais pas bon en tout, en mécanique par exemple !! Un jour
on tombe en panne sur l’autoroute. Sûr de toi, tu descends, tu lèves le capot, marques un
temps d’arrêt. Je n’y connaissais pas plus moi non plus, mais je te glisse quand même : « Andaluz ! Je crois que le moteur est devant !!


Voilà, tu étais un bonhomme souriant, charmeur, un excellent conteur et tes anecdotes
animées nous ont régalés quand nous étions de repos. Tu savais aussi être un grand frère
protecteur quand tu sentais que le doute nous gagnait.


Tous les deux, dernièrement nous faisions un excellent mano a mano lors de
commentaires en direct pour les aficionados et les VIP dans les arènes du Sud Ouest
chères à ton cœur. Nous parlions avec passion, sérieux et humour, tes anecdotes vont
nous manquer.


Tu es parti trop tôt, mais je peux attester à tous les proches et amis que ce Monsieur, ce
torero, aura vécu avec intensité, cœur et passion. Il a réussi sa vie sur tous les plans.

RICHARD MILLIAN, NÎMES LE 17 AVRIL 2023.

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