Il régnait cet après-midi une ambiance spéciale dans les arènes de Nîmes. Un air qui faisait comprendre qu’on allait vivre un moment historique. Et pour cause. Enrique Ponce faisait son grand retour dans les ruedos après sa dernière corrida dans les arènes de León le 24 juin 2021. Un retour, et des adieux à la fois à un public nîmois qui a répondu présent pour l’occasion.

Il a fallu attendre la deuxième partie de corrida pour que le public commence à vibrer. Les trois premiers toros de Juan Pedro Domecq se révélant insipides, peu mobiles et manquant de fond. Les trois derniers permettront davantage aux maestros de s’exprimer. Montrant plus de mobilité tout en manquant de classe pour la quasi-totalité des pupilles de Juan Pedro au cours d’une corrida qui est allée crescendo. Le sixième se révélant être le meilleur du lot.

Enrique PONCE était, sans aucun doute, l’attraction du jour. Cela faisait trois ans que les aficionados attendaient de pouvoir profiter à nouveau de la maestría du maestro de Chiva. C’est à Nîmes que Ponce avait convoqué tout le mundillo pour le début de sa tournée d’adieu. Le public ne s’y trompe pas en lui réservant une chaleureuse ovation à l’issue du paseo qui obligea Ponce à inviter ses compagnons de cartel à le rejoindre. Son premier toro court beaucoup à la sortie du toril sans vraiment se fixer dans le capote du torero. Après un passage sans histoire sous le fer, il manquera cruellement de fond et de force dans la muleta douce et à faveur de l’animal de Ponce qui décide de le toréer où il se sent le mieux, sous la présidence. L’effort est important, Ponce donne le plus de temps possible à l’animal qui ne décidera jamais vraiment à entrer dans le jeu du maestro. Il tue d’une entière basse. S

Son second va et vient, sans trop d’intérêt dans le capote avant de pousser lors des deux rencontres au cheval. Après avoir brindé à sa compagne Ana Soria, Enrique Ponce va donner une nouvelle leçon de maestría dont il a le secret, face à un animal qui donne de gros cabezazos qu’il faudra corriger au cours d’une faena patiente et mesurée avant une grande série, près des planches, en doblones. Une série qui fera descendre des gradins un « ¡no se puede ser más grande ! ». La popularité du maestro de Chiva est intacte. Popularité que Ponce a pu mesurer lors de deux vueltas al ruedo, grandement fêtées, après l’octroi d’une oreille suite à une entière trasera et caída. Moment émouvant.

Mais le triomphateur du jour est bien Alejandro TALAVANTE qui a coupé les deux oreilles de son second adversaire Velero. Dés le début de la lidia, l’animal montre plus de rythme que ses camarades. Malheureusement, il manquera d’humilier davantage dans la muleta de l’Extremeño pour que la faena prenne une ampleur toute autre. Après avoir brindé à Ponce, Talavante démarre une faena bien pensée, construite pour que le toro dure le plus longtemps possible. Les meilleurs moments arrivent sur la corne gauche au cours de séries profondes, laissant un temps entre chaque muletazo pour donner l’avantage à son oppoant de Juan Pedro. Final pour le public avec une belle variété avant une entière d’effet rapide. Deux oreilles demandées avec force.

Son premier est un toro qui développe du genio dans la muleta. Il se défend mais avec une certaine transmission. Malheureusement son manque de race prend vite le dessus et une fois que Talavante l’aura obligé avec sa muleta puissante le toro se décompose complétement. Talavante écoute alors un silence après un échec aux aciers.

Nîmes est une terre de confirmations d’alternative. Ce soir, c’était au tour de David GALVAN de passer l’épreuve et de se présenter dans les arènes romaines. Peu connu de notre pays, David Galván est un éternel espoir de la tauromachie espagnole qui a montré aujourd’hui qu’il est à suivre, et à revoir, tant l’impression laissée par le torero de Cádix aura été positive.

Son premier toro manque cruellement de force. Il ne donne aucune émotion dans la muleta présentée avec beaucoup de torería par le jeune homme. Mais l’animal charge à mi-hauteur, et manque de transmission pour que le trasteo trouve écho dans les gradins. La faena, brindée au maestro Ponce, se termine par des Poncinas, devant son créateur. Beau clin d’œil.

Son second toro, le dernier de la course, sera le plus collaborateur de l’encierro. Dés le début de la lidia le joli burraco charge avec enthousiasme dans le bon capote de Galván qui reçoit son adversaire par deux largas à genoux. Une nouvelle fois, l’andalou montre beaucoup de torería, tant dans ses muletazos que lors de ses déplacements entre séries. Ne dit-on pas qu’il est aussi important de savoir toréer sans toro ? La faena manquera peut-être un peu d’émotion pour le grand public, mais les aficionados auront certainement envie de revoir David Galván à nouveau pour confirmer la belle impression laissée sur le sable nîmois. La faena, longue, est conclue par des séries proches de l’animal, en redondos, avant de coucher ce sixième toro d’une entière contraire mais arriba.

CHRONIQUE ET PHOTOGRAPHIES G.B

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes de Nîmes. Feria de Pentecôte 2024. Quasi plein. Soleil. 6 TOROS Juan Pedro Domecq

Organisation : Simon Casas France

Présidence : Frédéric Pastor assisté de Mme Louche-Idoux et M Sola

Poids des toros : 506, 520, 496, 526, 546 et 510 kilos.

Cavalerie Heyral. 12 rencontres.

David Galván confirmait son alternative devant le toro “Armero” n°162 né en 01/2020 de 506 kgs

Les trois toreros ont salué à l’issue du paseo.

Alejandro Talavante est sorti en triomphe par la porte des cuadrillas.

Enrique PONCE (parme et or) : Silence après avis et oreille avec deux vueltas après avis

Alejandro TALAVANTE (aubergine et or) : Silence et deux oreilles

David GALVAN (bleu canard et or) : Saluts après avis et oreille après avis

REPORTAGE PHOTO DE LA CORRIDA

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