La folie s’est emparée des arènes de Nîmes pour la corrida de clôture de la feria de Pentecôte 2024. Monsieur Valade a fait honneur à la réputation qui le précède en octroyant pas moins de neuf oreilles (oui vous avez bien lu), neuf oreilles ! Finalement, le nombre n’est pas si dérangeant que cela si les trophées étaient mérités. Nous parlerions alors d’une corrida historique. Et même si les aficionados ont passé un très bon moment cet après-midi dans les arènes de Nîmes, nous sommes loin de pouvoir qualifier la corrida d’historique… Ce sont cinq toros de Virgen María et un toro de Fernay y sus hijas (6ème bis), tous plutôt bien présentés, de jeu inégaux, qui avaient la responsabilité de fermer le cycle de corrida de cette édition 2024. Il est regrettable que le sujet de discussion principal des aficionados ce soir soient les pulsions du président de la course, car la corrida du jour et certaines prestations des toreros au cartel mériteraient d’être au centre des débats.

               Juan LEAL a ouvert sa sixième porte des Consuls ce soir, après avoir coupé un total de quatre oreilles. Mais vous l’aurez compris, le nombre de trophées est malheureusement anecdotique. Face à son premier, les aficionados découvrent une facette plus épurée de l’arlésien qu’à l’accoutumée. Son adversaire se laisse faire, sans déborder de race. La faena est commencée par un cambio à genoux au centre, avant que les meilleurs moments arrivent sur la corne gauche. Cette fois-ci, Juan Leal n’abusera pas des cercanías qu’il ne gardera que pour la toute fin de faena. Il tue d’une entière en place.

               Son second est un toro plus sérieux. Un animal noble mais qui n’humilie pas vraiment dans les leurres et qui bouge sans grande transmission. Cette fois-ci Juan Leal montre une tauromachie qu’on lui connait plus. Celle faite de courage et d’aguante. Il ne cesse de jouer avec la proximité des cornes de l’animal allant jusqu’à rigoler lorsque les pointes viennent caresser les machos du jeune homme. Déroutant ! Il tue d’une entière trasera et coupe deux oreilles, la deuxième protestée par une partie du public.

               Il sera accompagné par la grande porte de SOLAL dont il s’agissait uniquement de la deuxième corrida de sa carrière après son alternative en septembre dernier. Et le moins que l’on puisse dire est que le jeune homme laissera une grande impression au public. Face à son premier il donnera une faena d’une douceur extrême, faite à base de muletazos épurées, sans fioritures ni poussière. Il termine sa faena, très classique, par des Luquesinas de haut niveau. Il tue d’une entière trasera et d’un descabello. Paradoxalement, on pourrait presque regretter un certain manque de sensibilité de la part du public qui aurait pu demander une deuxième oreille (mais cela reste un avis personnel).

               Son second toro est un sobrero de la ganadería Fernay y sus hijas. Dés les premiers instants l’animal se montre dangereux en se défendant beaucoup. Solal ne se démonte pas malgré sa toute petite expérience. Déjà aux banderilles il est l’auteur d’un tercio important face à l’animal qui ne se laisse pas faire facilement en anticipant les courses du nîmois. Muleta en main, ce dernier réalise un gros effort pour finalement parvenir à s’imposer face aux charges incertaines de l’animal qui prend bien le leurre par moment, mais vient droit sur l’homme à d’autres moments. Le torero se montre assez ferme pour faire abdiquer l’animal avant des manoletinas serrées. Il tue d’une entière qui libère les deux oreilles synonymes de grande porte. La deuxième pouvant être discutée, mais tout le monde sera d’accord pour dire que la prestation d’ensemble de Solal mérite d’ouvrir la porte des Consuls.

Fernando ADRIAN venait confirmer son alternative dans les arènes de Nîmes. Le moins que l’on puisse dire est que le madrilène est dans un bon moment puisqu’il arrive à Nîmes après avoir triomphé lors de ses 20 dernières corridas. Les historiens pourraient surement nous dire si une telle série a déjà existé dans la tauromachie, mais les chiffres sont impressionnants.

               Son premier toro est certainement le pire toro de la feria. Un animal qui ne donne aucune option au jeune homme. Dangereux, impossible, il sera l’auteur d’une première frayeur sur le banderillero Marcos Prieto qui s’en sort indemne par miracle… Fernando Adrian ne peut rien faire d’autre que se justifier et coucher l’animal d’une entière habile.

               Son second est noble mais sosito, c’est-à-dire un peu fade. Mais le torero ira chercher le manque de fond de l’animal au cours d’une faena d’intensité croissante et très technique. Le muletazo est rond et profond, bien accompagné par les très bons accords de Cielo Andaluz. Il termine sa faena par une série de bernardinas avant de tuer d’une entière très engagée. L’ensemble, qui aurait mérité une jolie oreille, sera récompensé de deux trophées excessifs.

G.B.

FICHE TECHNIQUE DE LA CORRIDA

Arènes de Nîmes. Feria de Pentecôte 2024. Demie arène. SOLEIL. 5 TOROS DE Virgen María et 1 TORO de Fernay y sus hijas.

Organisation : Simon Casas France

Présidence : M. Valade assisté de M. Quittard et M. Viallet.

Poids des toros : 545, 526, 516, 518, 503 et 529 kilos.

Cavalerie Heyral. 12 rencontres.

Fernando Adrián confirmait son alternative.

Fernando Adrián est sorti en triomphe par la porte des cuadrillas.

Juan Leal et Solal sont sortis en triomphe par la porte des Consuls.

Juan LEAL (ivoire et or) : Deux oreilles et deux oreilles

Fernando ADRIAN (bleu nuit et or) : Silence et deux oreilles

SOLAL (bleu nuit et or) : Oreille après avis et deux oreilles après avis

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